Que vois-tu de tes yeux, ô toi ma belle enfant ?
La cendre des mondes, les accalmies du ciel ?
L’appel de l’aurore qui rythme les temps ?
L’harmonie de mon cœur qui reprend de plus belle ?
Qu’y a-t-il dans tes yeux, toi ma futile enfant ?
Les cris des dieux, qui avaient cru t’aimer ?
Un univers entier épris de tes tourments ?
De grandes étendues où je me suis jeté.
Et a quoi penses-tu le matin ?
De quoi rêves tu le soir ?
Je reste en souverain,
Dans mon idylle noire.
Où est la saveur des jours,
Lorsqu’on ne te connaît plus ?
Pouvait-on parler d’amour
Avant de t’avoir connu ?
Les rimes sont mièvres et sans saveur,
Dans l’antre de l’aède qui s’était vu rêver,
Et qui prit de l’élan, de la fougue des créateurs,
A ton sourire, à ta vie, voulait se rattacher.
La peine est éphémère,
L’amour l’est aussi
L’une est un calvaire
L’autre est en sursis
Et l’on préfèrerai vivre mille crucifixions
Que de se laisser à nouveau guider
Par ce cœur, fécond de ces passions
Que le monde de tes yeux a su lui donner.
Si l’on parle de passion comme d’un désir fugace,
D’une étendue de peine qu’on a soi-même créé,
Qui consomme la joie aussi vite qu’il ne passe,
C’est par la honte fébrile de n’avoir pu aimer.
Et s’il ne reste aujourd’hui que cette présence creuse,
Cette absence à ma vie qui brûle sans tarir,
C’est que je sais que tu ne seras qu’heureuse,
Qu’au rythme des jours où tu me verras partir.
La flamme de mon cœur cessera de se briser,
Sur le marbre de ton hautaine indifférence.
Des siècles sans saveur seront à traverser
Adieu, je te laisse, je vais partir. Je pense…
Gautier Veret