Dialogue

Dialogue

Son regard boursouflé par une paupière graisseuse racontait l’effort de sa pénible progression. Sa jambe s’abattait sur le sol comme la chute d’une colonne de marbre, sa bouche soufflait des brides de tempêtes escortée par une rivière de sueur. Sans un mot lâché, son corps contait l’aversion de sa chair à progresser dans l’espace. L’homme avait la bedaine mythologique d’un Bacchus s’offrant une prolongation adipeuse jusqu’en dessous de la ceinture. Une masse physique qui déplaçait ses molécules dans l’air, une…

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La Montagne d’Obake ou Le Chat blanc

La Montagne d’Obake ou Le Chat blanc

Lorsque l’on poursuivait le chemin de Kibo, en empruntant la voie qui longe la montagne Obake, et, si l’on prêtait attention à la petite montée de terre (survenue suite à l’éboulement de l’an 751), le voyageur avisé pouvait discerner la présence d’un ryokan modestement éclairé par ses lanternes en granit. Ordinairement pratiqué lors de pèlerinages jusqu’à la ville de Shika, ce sentier devient fantomatique lors de l’aménagement de la grande route Tsubasa Suganuma, érigée en l’honneur du héros de la…

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Rouages

Rouages

  Seul, et durement jeté dans ce sentier de vie, j’erre en espérant croiser une route. Les aléas l’ont rendu rugueux, je ne perçois plus ses bords. Le vent tourne et se venge, nous n’avançons plus de concert.   Les rouages de l’appareil sont rouillés et le moteur peine à s’animer. Dans le froid, abattu, il s’arrête. Voici donc venu le règne des soupirs et le revers de l’être qui se forme en moi. L’océan de vie que j’habitais s’étend…

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La Dame aux mille figures

La Dame aux mille figures

Aux heures closes de la ville, ton regard soutient les envies des mortels, sourdes inclinaisons à leurs caprices de chair.  On entend l’héritage des statues s’amarrer à ta peau glacée, seule habillage à ton indifférence. Risée, toi, figurine, tu restes une apprentie.   A ton sourire en coin, couvert d’esprit, outrage si doux à l’occupation des hommes, à ton sourire je veux me pendre un peu. Amant de ta houle, accolé à la distraction des êtres, je les regarde brailler,…

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La Fontaine rouge

La Fontaine rouge

Le texte qui va suivre appartient aussi à ce defis de nouvelles que j’ai pu avoir, le thème imposé fut l’association de deux mots proposés au hasard par deux amis « fontaine » et « rouge ». Je sais aujourd’hui le résultat de ce défis peut paraître légérement indigeste mais il apparaît ici en témoin d’un style passé, dans lequel j’ai pu m’épanouir et qu’un jour j’ai désiré fuir.   Par delà les forêts des corbeaux pourchassant colombes, aux pentes abruptes des cimes qui…

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Le Pouvoir

Le Pouvoir

Cette nouvelle fut écrite en 2013 lorsqu’avec un ami, nous nous amusions à nous défier en nouvelles, s’imposant un thème et une date de rendu afin de voir ce que nos esprits pouvaient proposer de différents, de découvrir l’appropriation si personnelle qu’un mot officiait en nous. Pour cette nouvelle, la contrainte était d’utiliser la notion de « Pouvoir ».    Alam al Salim mesure de sa monture l’océan doré qui s’étant devant lui. Lui que les dieux nomment le fils du soleil,…

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La Danseuse

La Danseuse

C’est dans cette chambre oubliée du jour que vit Chloé. Là, au dernier étage d’une bâtisse sans âge, elle danse. Son corps frivole s’affole au contact des tissus et l’âme de son sourire se répand au devant des murs. La pièce alors s’illumine, douchée par la grâce qu’incarne Chloé. Lorsqu’elle avance, c’est la Terre qui prend note. Ici Chloé est seule mais ici Chloé est tout. Tout ce qu’elle touche s’éprend d’elle et elle s’éprend de toute chose. Cette animiste…

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Le Marbre

Le Marbre

Que vois-tu de tes yeux, ô toi ma belle enfant ? La cendre des mondes, les accalmies du ciel ? L’appel de l’aurore qui rythme les temps ? L’harmonie de mon cœur qui reprend de plus belle ? Qu’y a-t-il dans tes yeux, toi ma futile enfant ? Les cris des dieux, qui avaient cru t’aimer ? Un univers entier épris de tes tourments ? De grandes étendues où je me suis jeté. Et a quoi penses-tu le matin ?…

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Armez-vous donc, mes amis voyageurs

Armez-vous donc, mes amis voyageurs

Armez-vous donc, mes amis voyageurs, Qui me peigniez de trop tristes tableaux, De pays et de villes vides de saveurs, Vous, qui n’encensez que vos tombeaux. Si mon rire vous sabre dans vos efforts grotesques, Quand vous me parlez d’ailleurs, des trames de la terre, De sculptures, de château, des plus petites arabesques, C’est que du monde, vous n’êtes qu’à l’estuaire. Partez, si vous le voulez affronter les collines, Les marées et les flots assidûment déchaînés. Les couteaux cinglant que…

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